L'expert suisse en mobilité et développeur automobile Frank M. Rinderknecht a développé le premier véhicule électrique en même temps que Tesla. Photo : Salon international de l'automobile de Genève

"Il n'y a pas de vérité ultime en matière de durabilité".

«Es gibt keine ultimative Wahrheit in Sachen Nachhaltigkeit»

«Il n’y a pas de vérité ultime en matière de durabilité»

«Non ci sono verità assolute nel settore della sostenibilità»

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Pour Frank M. Rinderknecht, expert en mobilité et développeur automobile, le passage à l'énergie renouvelable était indispensable - même s'il estime que les batteries et les propulsions actuelles peuvent être améliorées.

Monsieur Rinderknecht, vous êtes depuis des décennies au cœur de l'actualité en matière de mobilité. Dans quel domaine vous surprend-on en ce moment ?

Lors des préparatifs d'un voyage d'environ 6500 kilomètres de Genève à Doha - en voiture électrique.

Pourquoi s'infliger cela ?

Nous voulons que le Geneva International Motorshow faire connaître à Doha en octobre et porter symboliquement et durablement l'histoire et l'excellence du "Salon de l'auto" au Qatar. En même temps, c'est une aventure : nous traversons par exemple l'Arabie saoudite, où il n'y a pas d'infrastructure de recharge digne de ce nom. L'essence y coûte 50 centimes et les distances sont énormes. Pour résoudre ce dilemme, il faut faire preuve d'inventivité.

Vous l'apportez avec vous : Vous vous occupez depuis très longtemps de la mobilité et des concepts de mobilité. Depuis combien de temps le thème de la durabilité joue-t-il un rôle dans ce domaine ?

En 2001, nous avons construit chez Rinspeed notre première voiture durable - à l'époque avec une propulsion au biogaz. En 2007, nous avons construit la première voiture électrique - donc en même temps que Tesla.

Auparavant, vous construisiez surtout des voitures rapides avec votre entreprise Rinspeed. Pourquoi ce changement d'attitude ?

Nous avons fait de la nécessité une vertu. À l'époque, Bugatti présentait une voiture de 1001 chevaux. C'était impressionnant, mais peu utile. Nous avons donc opté pour la voie verte. Nous nous attendions à ce que les gens nous regardent de travers. Mais la voie et le moment se sont avérés être les bons : nous sommes devenus les co-initiateurs d'une tendance.

Cela signifie-t-il que l'industrie automobile est aujourd'hui sur la bonne voie ?

Je demanderais alors de manière provocatrice : quelle est la bonne voie ? Toutes les choses que l'on lit sur l'énergie grise et les bilans énergétiques ont leur raison d'être. Il est toujours extrêmement difficile de mesurer la durabilité de manière contraignante. Pour moi, il s'agit d'une question fondamentale qui se situe au-dessus de tout cela. Nous ne pouvons pas pas simplement continuer à miser sur les combustibles fossiles.. C'est tout, c'est fini. Le comment est encore secondaire.

Voyez-vous une alternative à la propulsion électrique ?

L'électricité est à mon avis la seule énergie renouvelable en l'état actuel des connaissances. La production d'hydrogène nécessite également de l'électricité. On ne peut donc pas s'en passer. La question est maintenant : comment optimiser cela ? Dans quelle mesure peut-on produire de l'électricité de manière durable ?

Le succès soudain des voitures électriques vous a-t-il étonné ?

Il faut être très clair : Elon Musk a été le pionnier. On a annoncé sa mort des centaines de fois. Moi aussi, j'ai douté qu'il puisse survivre de manière indépendante. Mais il l'a fait. Et pourquoi ? Parce qu'il a pris en compte les émotions des gens. Il a compris que la durabilité ne signifiait pas forcément le renoncement. Il a construit des voitures qui ont une apparence soignée et de très belles performances de conduite. Il a appris de Steve Jobs : En tant que conducteur de Tesla, on fait partie d'une communauté - tout comme les utilisateurs d'Apple. C'est un style de vie.

Tesla a bouleversé le marché. L'industrie automobile traditionnelle s'est-elle entre-temps remise du choc ?

Du choc, peut-être. Mais cela ne lui sert pas à grand-chose. Les constructeurs automobiles traditionnels sont passés du statut de chasseurs à celui de chassés. Ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes : ils ne voulaient pas admettre que cela ne durerait pas éternellement. Je pense que cette évolution sera très difficilement réversible. Dans dix ans, le marché de masse sera dirigé par de toutes autres forces. Actuellement, Audi et Volkswagen achètent en Chine de vieilles plates-formes pour leurs voitures électriques, car elles ne sont pas assez agiles pour cela. Les Chinois sont à l'offensive. Ils font de belles voitures, elles sont bien conçues, ils comprennent mieux l'électronique que les Européens. Ils profitent sans vergogne de l'aubaine et sont en même temps 20 % moins chers.

Pour le consommateur, il semble qu'en ce qui concerne les voitures électriques également, une nouvelle vérité ne cesse de se faire jour. Dans quelle mesure sont-elles réellement durables ?

La vérité ultime existe-t-elle ? La vérité est subjective. Chaque fabricant, chaque acheteur et chaque acheteuse essaie d'utiliser les faits à son avantage. Ou à les ignorer. Pour moi, il est tout à fait clair que les propulsions et les moyens de stockage actuels ne constituent pas l'ultima ratio. Mais encore une fois, l'important est de passer aux énergies renouvelables.

Est-ce que vous vous occupez encore de la propulsion chez Rinspeed ?

Non, pas actuellement. Après tout, un moteur électrique n'a rien de complexe. C'est cent fois plus simple qu'un moteur à combustion.

Aimez-vous encore conduire ?

Non, pour moi, la conduite automobile est purement utilitaire dans 95% des cas. Actuellement, je conduis surtout une voiture à essence, car je dois souvent parcourir 600 à 800 kilomètres en une journée sans faire de pause. Rester assis aussi longtemps derrière le volant n'a pas grand-chose à voir avec le plaisir de conduire.

Ne souhaitez-vous pas la voiture qui se conduit toute seule ?

Bien sûr que oui. Je pourrais utiliser le temps beaucoup mieux.

Nous avons maintenant constaté que la conduite automobile est quelque chose d'émotionnel. Et que l'homme - indépendamment de la propulsion - aime toujours conduire lui-même. La voiture autonome va-t-elle vraiment voir le jour ?

C'est passionnant d'avoir le choix : conduire soi-même ou automatiser. Mais pendant des années, on a sous-estimé tout ce qu'un être humain pouvait faire pour ne pas se crasher quelque part. Développer les systèmes adéquats et surtout sûrs prend du temps.

La population, et donc la circulation des tôles, augmente. La mobilité est aujourd'hui limitée : Dans les villes, la vitesse est de plus en plus limitée à 30 km/h, sur les autoroutes, on discute de la vitesse à 60 km/h. N'est-ce pas un retour en arrière ?

Sur certains tronçons à l'intérieur des villes, la vitesse de 30 km/h est certainement judicieuse. Mais la question de savoir comment réduire le nombre de trajets et donc de véhicules est bien plus importante. Cela doit passer par une solution intelligente. Car nous considérons la mobilité non seulement comme un besoin fondamental, mais aussi comme un droit fondamental. Nous voulons nous déplacer. Et même si l'on réglemente le trafic privé de telle sorte que l'on incite de fait les gens à faire du vélo : La circulation des marchandises demeure. Depuis la pandémie de Covid, l'e-commerce a encore augmenté de manière incroyable. Regardez le nombre de services de livraison de colis qui circulent aujourd'hui. Chez Rinspeed, nous nous attaquons à ce problème avec le concept CitySnap.

De quoi s'agit-il ?

Autour d'une nouvelle génération de véhicules de livraison électriques qui distribuent, déposent et récupèrent les stations de colis mobiles de manière autonome. Selon une étude récente, il serait ainsi possible d'économiser jusqu'à 50 pour cent des véhicules de livraison.

Encore une question personnelle : mon diesel de 2008 commence à rendre l'âme. Je compte sur la voiture pour ma famille, mes vacances et ma mère malade, mais mon budget est limité. Je veux néanmoins contribuer à la durabilité. Qu'est-ce que j'achète ?

Cela dépend entièrement de vos besoins. Et ce sont les besoins réels, pas le sentiment de "liberté intérieure". On se fait volontiers des illusions à ce sujet. La question est la suivante : faites-vous régulièrement de longs trajets ou vous déplacez-vous seulement dans un rayon de 100 km ? Partez-vous réellement plusieurs fois par an à l'étranger ? Il faut établir un profil d'utilisation honnête et la réponse ne se fait pas attendre. Seuls ceux qui peuvent se permettre d'avoir des émotions devraient le faire.

Plus d'informations sur Genevamotorshow.com/tour-dexcellence et Rinspeed.com.

Herr Rinderknecht, Sie sind seit Jahrzehnten am Puls der Zeit in Sachen Mobilität. Wobei erwischen wir Sie gerade?

Bei den Vorbereitungen einer Fahrt von rund 6500 Kilometern von Genf nach Doha – mit dem Elektroauto.

Warum tut man sich das an?

Wir wollen die Geneva International Motorshow im Oktober in Doha bekannt machen und symbolisch und nachhaltig die Historie und Exzellenz des «Auto-Salons» nach Katar tragen. Gleichzeitig ist es ein Abenteuer: Wir fahren etwa quer durch Saudiarabien, wo es keine nennenswerte Lade-Infrastruktur gibt. Dort kostet das Benzin 50 Rappen und die Distanzen sind riesig. Um dieses Dilemma zu lösen, ist Erfindergeist nötig.

Den bringen Sie mit: Sie beschäftigen sich schon extrem lange mit Mobilität und Mobilitätskonzepten. Wie lange spielt das Thema Nachhaltigkeit dabei schon eine Rolle?

2001 haben wir bei Rinspeed unser erstes nachhaltiges Auto gebaut – damals mit Biogas-Antrieb. 2007 haben wir das erste Elektroauto gebaut – also zeitgleich mit Tesla.

Zuvor haben Sie mit Ihrer Firma Rinspeed vor allem schnelle Autos gebaut. Wieso der Sinneswandel?

Wir haben aus der Not eine Tugend gemacht. Damals präsentierte Bugatti einen Wagen mit 1001 PS. Das war eindrücklich, aber wenig sinnvoll. So entschieden wir uns für den grünen Weg. Wir rechneten mit schiefen Blicken. Aber Weg und Zeitpunkt erwiesen sich als goldrichtig: Wir wurden zu Mitinitiatoren eines Trends.

Heisst dies, die Autoindustrie ist heute auf dem richtigen Weg?

Da würde ich provokativ fragen: Was ist der richtige Weg? All die Sachen, die man liest über graue Energie und Energiebilanzen, haben ihre Berechtigung. Nachhaltigkeit verbindlich zu messen, ist noch immer extrem schwierig. Für mich geht es um eine grundsätzliche Frage, die über all dem steht. Wir können nicht einfach immer weiter auf fossile Brennstoffe setzen. Fertig, aus. Das Wie ist erst mal noch zweitrangig.

Sehen Sie eine Alternative zum Elektroantrieb?

Strom ist aus meiner Sicht nach aktuellem Kenntnisstand die einzige erneuerbare Energie. Auch für die Herstellung von Wasserstoff braucht man Strom. Es geht also nicht ohne. Die Frage ist nun: Wie optimiert man das? Wie nachhaltig kann man Strom erzeugen?

Hat Sie der plötzliche Siegeszug der Elektroautos erstaunt?

Man muss ganz klar sagen: Elon Musk war der Pionier. Er ist hundertmal totgesagt worden. Ich selbst hatte auch meine Zweifel, ob er unabhängig überleben kann. Aber er hat es geschafft. Und warum? Weil er die Emotionen der Menschen mitberücksichtigt hat. Er hat begriffen, dass Nachhaltigkeit nicht Verzicht bedeuten muss. Er hat Autos gebaut, die ordentlich aussehen und eine sehr schöne Fahrleistung haben. Er hat von Steve Jobs gelernt: Als Tesla-Fahrer ist man Teil einer Community – so wie die Apple-User. Es ist ein Lifestyle.

Tesla hat den Markt umgekrempelt. Hat sich die traditionelle Autoindustrie mittlerweile vom Schock erholt?

Vom Schock vielleicht. Aber das nützt ihr nicht viel. Die traditionellen Autohersteller sind von Jagenden zu Gejagten geworden. Selbst schuld: Sie wollten nicht wahrhaben, dass es nicht ewig so weitergeht. Ich glaube, diese Entwicklung wird ganz schwer reversibel sein. In zehn Jahren werden auf dem Massenmarkt ganz andere Kräfte am Ruder sein. Aktuell kaufen Audi und Volkswagen in China alte Plattformen für ihre Elektroautos ein, weil sie selbst nicht agil genug dafür sind. Die Chinesen sind in der Grossoffensive. Sie machen hübsche Autos, sie sind gut verarbeitet, Elektronik verstehen sie besser als die Europäer. Sie nutzen die Gunst der Stunde schamlos aus und sind gleichzeitig 20 Prozent günstiger.

Für den Konsumenten wirkt es so, als ob auch in Bezug auf die Elektroautos immer wieder eine neue Wahrheit ans Licht kommt. Wie nachhaltig sind sie wirklich?

Gibt es die ultimative Wahrheit? Wahrheit ist subjektiv. Jeder Hersteller und jeder Käufer und jede Käuferin versucht, die Fakten für sich zu nutzen. Oder zu ignorieren. Für mich ist ganz klar, dass die aktuellen Antriebe und Speichermedien nicht die Ultima Ratio darstellen. Aber nochmals: Wichtig ist, dass wir auf erneuerbare Energie umsteigen.

Beschäftigen Sie sich bei Rinspeed noch mit dem Antrieb?

Nein, aktuell nicht. Ein Elektromotor ist ja auch nichts Komplexes. Das ist hundertmal einfacher als ein Verbrennungsmotor.

Fahren Sie selbst noch gern Auto?

Nein, Autofahren ist für mich in 95 Prozent der Fälle rein zweckgebunden. Ich fahre aktuell meist einen Benziner, weil ich oft an einem Tag 600 bis 800 Kilometer ohne Pause zurücklegen muss. So lange hinter dem Steuer zu sitzen, hat mit Fahrspass wenig zu tun.

Wünschen Sie sich da nicht das selbstfahrende Auto?

Natürlich. Ich könnte die Zeit viel besser nutzen.

Jetzt haben wir konstatiert, dass Autofahren etwas Emotionales ist. Und dass der Mensch – unabhängig vom Antrieb – noch immer ganz gern selbst fährt. Kommt denn das selbstfahrende Auto überhaupt?

Spannend ist es, die Wahl zu haben: selbst fahren oder automatisiert. Aber man hat jahrelang unterschätzt, was ein Mensch alles leistet, um eben nicht irgendwo reinzucrashen. Die richtigen und vor allem sicheren Systeme zu entwickeln, dauert.

Die Bevölkerung und damit die Blechlawine nimmt zu. Mobilität wird heute eingeschränkt: In den Städten kommt immer mehr Tempo 30, auf den Autobahnen diskutiert man über Tempo 60. Ist das nicht ein Rückschritt?

Auf gewissen Strecken innerorts ist Tempo 30 sicher sinnvoll. Aber viel wichtiger ist die Frage, wie man die Anzahl Fahrten und damit auch der Fahrzeuge reduzieren kann. Das muss über eine clevere Lösung passieren. Denn wir betrachten Mobilität nicht nur als Grundbedürfnis, sondern auch als Grundrecht. Wir wollen uns bewegen. Und auch wenn man den Privatverkehr so reglementiert, dass man die Leute faktisch dazu bewegt, Velo zu fahren: Der Warenverkehr bleibt bestehen. Seit der Covid-Pandemie hat E-Commerce nochmals unglaublich zugelegt. Schauen Sie mal, wie viele Paketdienste heutzutage unterwegs sind. Diesem Problem nehmen wir uns bei Rinspeed mit dem CitySnap-Konzept an.

Worum geht es dabei?

Um eine neue Generation von elektrisch betriebenen Lieferfahrzeugen, die mobile Paketstationen selbstständig verteilen, abstellen und wieder einsammeln. So können gemäss einer neuen Studie bis zu 50 Prozent der Lieferfahrzeuge eingespart werden.

Noch eine persönliche Frage: Mein Diesel mit Baujahr 2008 gibt langsam den Geist auf. Ich vertraue wegen Familie, Ferien und kranker Mutter aufs Auto, aber mein Budget ist beschränkt. Dennoch will ich einen Beitrag zur Nachhaltigkeit leisten. Was kaufe ich?

Das hängt ganz von Ihren Bedürfnissen ab. Und zwar den tatsächlichen Bedürfnissen, nicht von dem Gefühl der «inneren Freiheit». Man gaukelt sich da gern etwas vor. Die Frage ist: Fahren Sie regelmässig weite Strecken oder fahren Sie nur in einem Radius von 100 km? Fahren Sie tatsächlich mehrmals pro Jahr ins Ausland? Man muss ein ehrliches Nutzungsprofil erstellen, dann hat man die Antwort schnell. Emotionen sollten dabei nur diejenigen zulassen, die sich Emotionen leisten können.

Mehr Informationen unter Genevamotorshow.com/tour-dexcellence und Rinspeed.com.

Monsieur Rinderknecht, vous œuvrez depuis des décennies dans le secteur de la mobilité. En ce moment, qu’est-ce qui vous fait vibrer?

Le voyage en voiture électrique d’environ 6500 kilomètres qui nous conduit actuellement de Genève à Doha.

Pourquoi s’infliger cela?

Nous voulons faire connaître le Geneva International Motorshow à Doha, qui accueillera pour la première fois cette manifestation en octobre, ainsi que porter symboliquement et durablement l’histoire et l’excellence du «Salon de l’auto» au Qatar. En même temps, il s’agit d’une aventure, car nous traversons, par exemple, l’Arabie saoudite, où il n’existe aucune infrastructure de recharge digne de ce nom. Là-bas, l’essence coûte 50 centimes et les distances sont énormes. Il faudra faire preuve d’inventivité pour y parvenir.

En tant qu’expert, on peut imaginer que vous amènerez la solution avec vous, vous qui vous occupez depuis très longtemps de la mobilité et des concepts qui y sont liés. Depuis combien de temps le thème de la durabilité joue-t-il un rôle dans ce domaine?

En 2001, chez Rinspeed, nous avons construit notre première voiture durable, qui était munie d’une propulsion au biogaz. Puis, en 2007, soit en même temps que Tesla, nous avons élaboré la première voiture électrique.

Auparavant, par le biais de votre entreprise Rinspeed, vous construisiez surtout des voitures rapides. Pourquoi ce changement de cap?

Nous avons fait de la nécessité une vertu. À l’époque, Bugatti présentait une voiture de 1001 ch. C’était impressionnant, mais peu judicieux. Nous avons donc opté pour la voie verte. Nous nous attendions à ce que les gens nous regardent de travers, mais tant la direction prise que le moment se sont avérés être les bons. Nous sommes devenus les co-initiateurs d’une tendance.

L’industrie automobile regarde-t-elle aujourd’hui dans la bonne direction?

J’aurais envie de vous poser une question provocatrice: quelle est la bonne direction? Tout ce qu’on lit sur l’énergie grise et les bilans énergétiques est légitime. Il est encore extrêmement difficile de mesurer la durabilité de manière fiable. À mon sens, il s’agit là d’une question fondamentale qui se situe au-dessus de tout. Mais il est certain que nous ne pouvons tout simplement pas continuer à miser sur les combustibles fossiles. Pour l’instant, le comment est secondaire.

Voyez-vous une alternative à la propulsion électrique?

À mon avis, l’électricité est la seule énergie renouvelable en l’état actuel des connaissances. Même la production d’hydrogène nécessite de l’électricité, on ne peut donc pas s’en passer. La question est maintenant de savoir comment l’optimiser. Dans quelle mesure peut-on produire de l’électricité de manière durable?

Le succès soudain des voitures électriques vous a-t-il étonné?

Il faut être très clair: Elon Musk a été le pionnier. On a annoncé sa mort des centaines de fois. Moi aussi, j’ai douté qu’il puisse survivre de manière indépendante. Mais il l’a fait. Pourquoi? Parce qu’il a pris en compte les émotions des gens. Il a compris que la durabilité ne signifie pas forcément le renoncement. Il a construit des voitures qui ont une apparence soignée et montrent de très belles performances de conduite. Il a appris de Steve Jobs: en tant que conducteur de Tesla, on fait partie d’une communauté – tout comme les utilisateurs d’Apple. C’est un style de vie.

Tesla a bouleversé le marché. L’industrie automobile traditionnelle s’est-elle entretemps remise du choc?

Du choc, peut-être. Mais cela ne lui sert pas à grand-chose. Les constructeurs automobiles traditionnels sont passés du statut de chasseurs à celui de chassés. Et c’est leur faute: ils ne voulaient pas admettre que cela ne durerait pas éternellement. Je pense que cette évolution sera très difficilement réversible. Dans dix ans, le marché de masse sera dirigé par de toutes autres forces. Actuellement, Audi et Volkswagen achètent de vieilles plateformes en Chine pour leurs voitures électriques, car ils n’ont pas la flexibilité nécessaire. Les Chinois sont en pleine offensive. Ils font de belles voitures, bien conçues, et comprennent mieux l’électronique que les Européens. Ils profitent sans vergogne de l’aubaine et sont en même temps 20% moins chers.

Le consommateur, lui aussi, se retrouve confronté à une nouvelle réalité en ce qui concerne les voitures électriques: quelle est leur durabilité réelle?

Existe-t-il une vérité ultime? La vérité est subjective. Chaque constructeur et chaque acheteur essaie d’utiliser les faits à son avantage. Ou les ignore. Pour moi, il est tout à fait clair que les moteurs et les supports de stockage actuels ne constituent pas l’ultima ratio. Mais encore une fois, l’important est de passer aux énergies renouvelables.

Est-ce que vous vous occupez encore de la propulsion chez Rinspeed?

Non, pas actuellement. Un moteur électrique n’a rien de complexe, il est cent fois plus simple qu’un moteur à combustion.

Aimez-vous toujours conduire vous-même?

Non, pour moi, la conduite automobile est purement utilitaire dans 95% des cas. Actuellement, je conduis surtout un véhicule à essence, car je dois souvent parcourir 600 à 800 kilomètres en une journée sans faire de pause. Rester assis aussi longtemps derrière le volant n’a rien à voir avec le plaisir de conduire.

Ne souhaiteriez-vous pas que la voiture se conduise toute seule?

Evidemment, car cela me permettrait d’utiliser mon temps pour autre chose.

Nous constatons que la conduite automobile est quelque chose d’émotionnel et que l’homme – indépendamment de la propulsion – aime toujours conduire lui-même. La voiture autonome va-t-elle vraiment voir le jour?

C’est excitant d’avoir le choix: conduire soi-même ou automatiser. Mais, pendant des années, on a sous-estimé tout ce qu’un être humain pouvait faire pour ne pas se crasher. Développer les bons systèmes, et surtout ceux qui sont sûrs, prend du temps.

La population, et donc la masse de tôle, augmente. En parallèle, les vitesses sont aujourd’hui limitées: on retrouve de plus en plus le 30 km/h en ville et, sur les autoroutes, on discute d’un 60 km/h. N’est-ce pas un retour en arrière?

Si, sur certains tronçons urbains, la vitesse de 30 km/h est certainement judicieuse, la vraie question est de savoir comment réduire le nombre de trajets, et donc de véhicules. La solution à ce problème doit être intelligente, car nous considérons la mobilité non seulement comme un besoin fondamental, mais aussi comme un droit fondamental. Nous voulons nous déplacer. Et même si l’on réglemente le trafic privé de telle sorte à inciter les gens à faire du vélo, la circulation des marchandises demeure. Depuis la pandémie, le commerce électronique a encore connu une croissance incroyable. Regardez le nombre de services de livraison de colis qui circulent aujourd’hui. Chez Rinspeed, nous nous attaquons à ce problème grâce au concept CitySnap.

De quoi s’agit-il?

D’une nouvelle génération de véhicules de livraison électriques qui distribuent, déposent et récupèrent de manière autonome des stations de colis mobiles. Selon une nouvelle étude, il serait ainsi possible de diminuer jusqu’à 50 % les véhicules de livraison.

Une dernière question: mon diesel de 2008 commence à rendre l’âme. Je compte sur ma voiture pour les déplacements en famille, pour mes vacances ou quand ma mère est malade, mais mon budget est limité. Je veux néanmoins être un acteur de la durabilité. Qu’est-ce que j’achète?

Cela dépend entièrement de vos besoins réels, et pas du sentiment de «liberté intérieure». Cette thématique est souvent entourée d’illusions. La question est la suivante: faites-vous régulièrement de longs trajets ou vous déplacez-vous seulement dans un rayon de 100 km? Vous rendez-vous vraiment à l’étranger plusieurs fois par an? Il faut établir, le plus honnêtement possible, un profil d’utilisation pour obtenir rapidement la réponse. Ceux qui choisissent leur voiture sur la base de critères émotionnels sont ceux qui peuvent se le permettre.  

Plus d’informations sur www.genevamotorshow.com/tour-dexcellence et www.rinspeed.com  

Signor Rinderknecht, lei è ormai da decenni un’autorità per quanto riguarda la mobilità. A cosa sta lavorando attualmente?

Stiamo preparando un viaggio di circa 6500 chilometri da Ginevra a Doha in auto elettrica.

Perché avete deciso di organizzarlo?

Vogliamo far conoscere anche a Doha il Geneva International Motorshow che si terrà in ottobre e presentare simbolicamente e in modo sostenibile la storia e l’eccellenza del «Salone dell’auto» in Qatar. Al contempo, si tratta di un’avventura: attraverseremo l’Arabia Saudita dove non esiste una vera e propria rete di infrastrutture di ricarica. Laggiù la benzina costa 50 centesimi al litro e le distanze sono immense. Per risolvere questo dilemma serve parecchia ingegnosità.

Quella non le manca sicuramente: lavora da molto tempo ormai nel settore della mobilità e a numerosi concetti di mobilità. Da quanto tempo si occupa anche di sostenibilità?

Nel 2001 noi di Rinspeed abbiamo sviluppato la prima auto sostenibile dotata di motore a biogas. Nel 2007 abbiamo costruito la prima auto elettrica: in contemporanea con Tesla.

Prima la sua impresa, Rinspeed, si occupava principalmente di produrre auto veloci. Come mai questa svolta negli obiettivi?

Abbiamo fatto di necessità virtù. Bugatti ai tempi ha presentato una vettura con 1001 CV. Era impressionante ma non molto sensata. Abbiamo quindi deciso di puntare sulla sostenibilità. Molti ci hanno guardato storto. Ma la scelta e i tempi si sono rivelati perfetti: siamo stati tra i pionieri del nuovo trend.

Ciò significa che oggi l’industria automobilistica è sulla strada giusta?

Risponderò in modo provocatorio: qual è la strada giusta? Tutte le cose che leggiamo sull’energia grigia, sui bilanci energetici hanno le loro ragioni. Misurare la sostenibilità in modo vincolante è ancora estremamente difficile. Per me si tratta principalmente di trovare una soluzione alla questione fondamentale che sta sopra tutte le altre. Non è più possibile continuare a basarci sui combustibili fossili. Fine. Il come è di importanza secondaria.

Ci sono alternative ai motori elettrici secondo lei?

Dal mio punto di vista, per lo stato attuale delle conoscenze l’elettricità è l’unica energia rinnovabile. Anche per la produzione di idrogeno è necessaria l’elettricità. Senza non si fa nulla. La domanda è: come la ottimizziamo? Qual è il modo più sostenibile di produrla?

È rimasto sorpreso dall’improvvisa impennata del successo delle auto elettriche?

Diciamolo chiaramente: Elon Musk è stato un pioniere. È stato dato per spacciato centinaia di volte. Io stesso non ero sicuro che sarebbe stato in grado di sopravvivere da solo. Ma ce l’ha fatta. E perché? Perché ha tenuto in considerazione le emozioni della gente. Ha capito che la sostenibilità non doveva per forza essere legata alla rinuncia. Ha costruito un’auto esteticamente normale e con ottime prestazioni di guida. Ha imparato da Steve Jobs: guidando una Tesla si è parte di una community, proprio come accade per chi usa Apple. È uno stile di vita.

Tesla ha rivoluzionato completamente il mercato. L’industria automobilistica classica si è già ripresa dallo shock?

Dallo shock forse sì ma non le è servito a molto. I produttori tradizionali sono passati da cacciatori a prede. La colpa è solo loro: non hanno voluto riconoscere che le cose non sarebbero mai potute restare immutate per sempre. Penso che questo cambiamento sia molto difficilmente reversibile. Tra dieci anni, il mercato di massa sarà guidato da tutt’altre forze. Attualmente Audi e Volkswagen acquistano in Cina vecchie piattaforme per le loro auto elettriche perché non sono abbastanza agili per agire indipendentemente. I cinesi hanno lanciato un’enorme offensiva. Producono belle auto ben sviluppate, comprendono l’elettronica meglio degli europei. Sfruttano lo slancio del momento senza ritegno e il prezzo è inferiore del 20 per cento.

Per i consumatori sembra però che anche nel settore delle auto elettriche ogni giorno veda la luce un nuovo modello. Quanto è sostenibile questo processo?

Esiste una verità assoluta? La verità è soggettiva. Ogni produttore e ogni consumatore cerca di sfruttare i fatti a suo favore. Se non può li ignora. Per me è chiaro che i motori e le batterie attuali non sono la soluzione definitiva. Ma di nuovo: l’importante è essere passati alle energie rinnovabili.

Si occupa ancora di motori con Rinspeed?

No, al momento no. Un motore elettrico non è nulla di complesso. È cento volte più semplice rispetto a un motore a combustione.

Guida ancora con piacere?

No, per me viaggiare in auto è per il 95 per cento legato al dover fare qualcosa. Guido ancora un’auto a benzina perché spesso devo percorrere 600-800 chilometri al giorno senza pause. Dover restare alla guida così a lungo mi ha tolto il piacere di guidare.

Non le piacerebbe dunque un’auto a guida autonoma?

Naturalmente. Potrei sfruttare molto meglio i tempi morti.

Abbiamo constatato che guidare è qualcosa di emozionale. E che le persone, indipendentemente dal tipo di motore, preferiscono mettersi personalmente al volante. Arriveranno davvero le auto a guida autonoma?

Sarebbe interessante avere la scelta: guidare personalmente o passare all’automatico. Ma per tanti anni abbiamo sottovalutato tutte le cose che una persona deve fare per evitare di avere un incidente presto o tardi. I sistemi migliori e più sicuri continueranno a essere sviluppati.

La popolazione e quindi il numero di auto continuano a crescere. La mobilità viene invece oggi sempre più limitata: in città troviamo sempre più tratte con limite a 30 km/h e sulle autostrade si discute il limite a 60 km/h. Non è un passo indietro?

Su determinate tratte all’interno delle città, il limite a 30 è sicuramente sensato. Ma molto più importante è la domanda: come possiamo ridurre il numero di spostamenti e quindi anche il numero di veicoli? Serve una soluzione intelligente. Dobbiamo considerare la mobilità non solo una necessità di base bensì un diritto di base. Vogliamo poterci spostare. E anche se il traffico privato venisse regolamentato in modo da motivare le persone a utilizzare la bicicletta, il trasporto delle merci resta necessari. Dalla pandemia di covid, l’e‑commerce è cresciuto esponenzialmente. Basta guardare ad esempio quanti pacchetti viaggiano sulle strade al giorno d’oggi. Noi di Rinspeed affrontiamo questo problema con il nuovo concept CitySnap.

Di cosa si tratta?

Di una nuova generazione di veicoli per la distribuzione con motore elettrico che smista, posa e ritira autonomamente i locker per la consegna e il ritiro dei pacchi. Secondo un nuovo studio, questo sistema permette di ridurre fino al 50 per cento la flotta di veicoli per la distribuzione.

Un’ultima domanda personale: la mia vecchia auto a diesel del 2008 è ormai in fin di vita. A causa della famiglia, delle vacanze e di una madre malata, ho bisogno di un’auto nuova ma il mio budget è limitato. Vorrei però dare un contributo alla protezione dell’ambiente. Cosa compro?

Dipende molto dalle necessità. E parlo delle effettive necessità, non della sensazione di «libertà interiore». La usiamo troppo spesso come scusa. La domanda è: percorrete regolarmente lunghe distanze o restate entro un raggio di 100km? Viaggiate effettivamente più volte all’anno all’estero? Occorre tracciare un profilo di utilizzo onesto e la risposta risulta immediata. Le emozioni dovremmo lasciarle a chi se le può permettere.

Maggiori informazioni su genevamotorshow.com/tour-dexcellence e rinspeed.com.

Actuellement, il roule avec une VW ID. Buzz de Genève à Doha, au Qatar, en traversant l'Arabie Saoudite. Photo : Geneva International Motor Show
Les voyages : Les longs voyages en avion sont de véritables tueurs de climat. C'est pourquoi il vaut mieux miser sur des vacances dans son propre pays. S'il faut quand même partir plus loin, il faut absolument payer le petit supplément pour la compensation du CO₂.
Le dernier concept de Rinspeed s'appelle CitySnap et doit permettre d'économiser 50 pour cent des véhicules de livraison. Photo : Rinspeed
Les voyages : Les longs voyages en avion sont de véritables tueurs de climat. C'est pourquoi il vaut mieux miser sur des vacances dans son propre pays. S'il faut quand même partir plus loin, il faut absolument payer le petit supplément pour la compensation du CO₂.
Frank M. Rinderknecht s'est fait connaître par le développement de prototypes spectaculaires, comme cette voiture de plongée de 2008. Photo : Rinspeed
Les voyages : Les longs voyages en avion sont de véritables tueurs de climat. C'est pourquoi il vaut mieux miser sur des vacances dans son propre pays. S'il faut quand même partir plus loin, il faut absolument payer le petit supplément pour la compensation du CO₂.
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Première publication: 
5.9.2023
  | Dernière mise à jour: 
14.9.2023
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