"D'un point de vue écologique, la Suisse est plutôt bien placée en comparaison internationale", déclare l'éthicien économique Thomas Beschorner. "Mais comme on le sait, parmi les aveugles, le borgne est roi : pour notre mode de fonctionnement économique en Suisse, il faudrait deux Terres". Photo : Nikolaus Urban
«Die Schweiz steht in ökologischer Hinsicht im internationalen Vergleich recht gut da», sagt Wirtschaftsethiker Thomas Beschorner. «Doch unter den Blinden ist bekanntlich der Einäugige König: Für unsere Wirtschaftsweise in der Schweiz bräuchte es zwei Erden.» Foto: Nikolaus Urban
«En matière d’écologie, la Suisse se classe plutôt bien au niveau international, déclare le professeur Thomas Beschorner. Mais, comme le dit le proverbe, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Le mode de vie des Helvètes nécessiterait en effet de recourir à deux planètes.» Photo: Nikolaus Urban
«Per quanto riguarda l’ecologia, nel confronto internazionale la Svizzera sembra messa davvero bene», spiega il prof. dr. Thomas Beschorner. «Ma nel paese dei ciechi un guercio è re: per sostenere la nostra economia in Svizzera sarebbero necessari due pianeti.» Foto: Nikolaus Urban
Sommes-nous trop riches pour vivre de manière durable ? Et que pouvons-nous faire pour plus de durabilité ? C'est ce que nous explique Thomas Beschorner, spécialiste en éthique économique.
Sind wir zu reich, um nachhaltig zu leben? Und was können wir für mehr Nachhaltigkeit tun? Das sagt Wirtschaftsethiker Thomas Beschorner.
Sommes-nous trop riches pour vivre de manière durable? Et peut-on participer à améliorer la situation? Entretien avec Thomas Beschorner, professeur d’éthique économique.
Crescita economica e sostenibilità possono essere conciliate? Siamo troppo ricchi per vivere in modo sostenibile? E cosa può fare ognuno di noi per promuovere la sostenibilità? Thomas Beschorner, professore di etica aziendale all’Università di San Gallo, risponde alle nostre domande in questa intervista.
Monsieur Beschorner*, si nous regardons les principaux chiffres clés : L'économie suisse est-elle écologiquement durable ?
Thomas Beschorner: D'un point de vue écologique, la Suisse est plutôt bien placée en comparaison internationale. Un groupe de recherche de l'université de Yale mesure chaque année la performance écologique des pays du monde entier. En 2024, la Suisse s'est classée à une bonne 9e place.
Mais même la Suisse n'est pas sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de 1,5 degré.
D'un point de vue global, le fait que la petite Suisse soit sur la bonne voie joue-t-il un rôle ?
Selon cette logique, les lecteurs devraient cesser de payer leurs impôts en Suisse, car leur contribution fiscale au volume total des recettes fiscales suisses est tout aussi faible.
A qui revient la responsabilité d'agir de manière plus durable ? En tant qu'observateur, on a le sentiment que tout le monde se renvoie la responsabilité de la protection de l'environnement.
Je partage cette observation : les uns disent que ce sont les entreprises qui sont responsables. Les entreprises disent que ce sont les consommateurs. Pour les consommateurs, c'est la politique suisse qui est responsable. Et celle-ci dit que les institutions politiques mondiales doivent agir. Ce qui est vrai, c'est qu'il s'agit d'une responsabilité collective. Cela signifie que nous devrions créer des dynamiques appropriées entre les acteurs mentionnés pour un développement durable.
Une étude de BAK Economics est arrivée à la conclusion suivante en 2024 : les entreprises suisses sont sur la bonne voie sur le plan stratégique, mais elles sont à la traîne sur le plan opérationnel. Quelle est la part de cette bonne volonté de la part des entreprises qui relève du greenwashing et quelle est la part des efforts sérieux ?
Il est impossible de répondre à cette question de manière générale. Il est important de reconnaître la pertinence du sujet, mais il faut bien sûr passer à l'étape suivante : la mise en œuvre de pratiques concrètes, et ce dans tous les domaines de l'entreprise. L'étude mentionnée se concentre en effet sur les PME.. Elles ne sont toujours pas bien positionnées sur le sujet, si l'on considère par exemple que dans environ trois quarts des PME suisses, il n'y a pas de personne responsable du thème de la durabilité.
Quel est le moyen le plus efficace de combler l'écart entre la bonne volonté et l'action effective ?
Ma recommandation serait la carotte et le bâton. La carotte, ce sont des incitations pour les entreprises à adopter une gestion durable, par exemple par le biais de subventions, d'allègements fiscaux ou de préférences en matière de commandes par les pouvoirs publics. Le bâton, ce sont, en miroir, des incitations négatives, par exemple par le biais de taxes appropriées sur les biens et les services qui nuisent à la durabilité.
Selon le WWF, l'empreinte écologique des Suisses est de 13,51 tonnes d'équivalents CO2 par an, ce qui est nettement trop élevé. L'empreinte diminue ensuite nettement si l'on arrête presque complètement de consommer. La question s'impose : Avons-nous tout simplement trop d'argent à dépenser ?
Si une consommation accrue signifie un impact environnemental plus important, dans quelle mesure la croissance économique et la durabilité écologique peuvent-elles aller de pair ?
La croissance économique et la durabilité écologique ne font pas bon ménage. Le discours sur la "croissance verte" ne me semble être qu'une pilule d'apaisement néolibérale et molle, comme beaucoup d'autres slogans au pays des merveilles gagnant-gagnant d'une telle pensée. L'engagement ne doit pas faire mal, mais on ne peut pas faire abstraction des valeurs fondamentales.
Supposons que tout soit produit dans le cadre de l'"économie circulaire" : Pourrions-nous alors continuer à consommer autant ?
Personne n'aime l'entendre, mais nous devons changer nos habitudes de consommationNous devons changer nos habitudes si nous voulons vivre dans un monde vraiment durable. L'idée de l'"économie circulaire" n'est pas fondamentalement fausse, mais elle ne s'attaque pas aux problèmes par le bon bout, mais s'efforce d'optimiser sagement le capitalisme sans confronter ce système à une pensée fondamentalement différente.
Quel est le plus grand levier pour chacun et chacune afin de contribuer à une économie plus durable ?
Chaque personne, chaque entreprise, chaque organisation a une "sphère d'influence" pour contribuer au développement durable. Ici, c'est la consommation individuelle, là, c'est l'activité d'enseignant à l'école et ailleurs encore, c'est l'influence sur les fournisseurs, sur les partenaires de coopération ou sur la politique. Chacun peut et doit agir s'il se soucie de l'avenir de la planète.
Et que faites-vous pour cet avenir ?
Je considère que ma modeste tâche consiste à effectuer quelques travaux de tri et à remettre de temps en temps en question des modes de pensée trop bien ancrés. Si j'incite ici et là des personnes à penser en dehors de ce qui est habituel, je fais mon travail. Car : tout vient à point à qui sait attendre !
M. Beschorner poursuit : "Personne n'aime l'entendre, mais nous devons changer nos habitudes de consommation si nous voulons vivre dans un monde qui soit vraiment durable". Photo : Wikimedia | Maxi86ch
Herr Beschorner*, wenn wir uns die wichtigsten Kennzahlen anschauen: Ist die Schweizer Wirtschaft ökologisch nachhaltig?
Thomas Beschorner: Die Schweiz steht in ökologischer Hinsicht im internationalen Vergleich recht gut da. Eine Forschungsgruppe an der Yale University misst jedes Jahr die ökologische Performance von Ländern weltweit. Die Schweiz belegte 2024 einen guten 9. Platz.
Doch selbst die Schweiz ist auf dem Weg zum 1,5-Grad-Ziel nicht auf Kurs.
Spielt es global gesehen überhaupt eine Rolle, ob die kleine Schweiz auf Kurs ist?
Nach dieser Logik sollten die Leserinnen und Leser ihre Steuerzahlungen in der Schweiz einstellen, denn ihr Steuerbeitrag am Gesamtvolumen des Schweizer Steueraufkommens ist ebenso gering.
An wem liegt es, nachhaltiger zu handeln? Als Beobachter bekommt man das Gefühl, dass sich im Umweltschutz alle gegenseitig die Verantwortung zuschieben.
Ich teile die Beobachtung: Die einen sagen, die Unternehmen seien verantwortlich. Die Unternehmen sagen, es seien die Konsumenten. Die Konsumenten sehen die Schweizer Politik in der Verantwortung. Und diese sagt, die globalen politischen Institutionen müssten handeln. Richtig ist: Es ist eine kollektive Verantwortung. Das bedeutet, dass wir geeignete Dynamiken zwischen den genannten Akteuren für eine nachhaltige Entwicklung gestalten sollten.
Eine Untersuchung der BAK Economics kam 2024 zum Schluss: Strategisch sind Schweizer Unternehmen auf gutem Weg, operativ hinken sie dem aber hinterher. Wie viel dieses guten Willens seitens der Unternehmen ist Greenwashing, wie viel ernsthaftes Bestreben?
Das lässt sich nicht pauschal beantworten. Die Relevanz des Themas zu erkennen, ist wichtig, aber natürlich muss der nächste Schritt folgen: die Umsetzung in konkrete Praktiken, und zwar in allen Bereichen des Unternehmens. Der Fokus der genannten Studie liegt ja auf KMUs. Sie sind weiterhin nicht gut zu dem Thema aufgestellt, wenn man zum Beispiel bedenkt, dass es in etwa Dreiviertel der Schweizer KMUs keine verantwortliche Person zum Thema Nachhaltigkeit gibt.
Was ist das wirksamste Mittel, um die Lücke zwischen gutem Willen und effektivem Handeln zu schliessen?
Meine Empfehlung wäre Zuckerbrot und Peitsche. Das Zückerli sind Anreize für Unternehmen zu einem nachhaltigen Wirtschaften, zum Beispiel über Subventionen, Steuererleichterungen oder Bevorzugungen bei Aufträgen durch die öffentliche Hand. Die Peitsche sind spiegelbildlich negative Anreize, beispielsweise durch geeignete Steuern für Waren und Dienstleistungen, die der Nachhaltigkeit abträglich sind.
Laut WWF liegt der ökologische Fussabdruck der Schweizerinnen und Schweizer bei 13,51 Tonnen CO2-Äquivalente pro Jahr – also deutlich zu hoch. Der Fussabdruck sinkt dann deutlich, wenn man den Konsum fast komplett einstellt. Es drängt sich die Frage auf: Haben wir einfach zu viel Geld, das wir ausgeben wollen?
Wenn mehr Konsum grössere Umweltauswirkung bedeutet: Inwiefern können wirtschaftliches Wachstum und ökologische Nachhaltigkeit überhaupt Hand in Hand gehen?
Ökonomisches Wachstum und ökologische Nachhaltigkeit vertragen sich nicht. Das Gerede vom «Green Growth» erscheint mir lediglich als neoliberal-weichgespülte Beruhigungspille, wie viele andere Slogans im Win-win-Wonderland eines solchen Denkens. Engagement muss nicht wehtun, aber man kann fundamentale Werte nicht aussen vor lassen.
Angenommen, alles würde in der «Circular Economy» produziert: Könnten wir dann weiterhin gleich viel konsumieren?
Niemand hört es gerne, aber wir müssen unsere Konsumgewohnheiten ändern, wenn wir in einer Welt leben wollen, die wirklich nachhaltig ist. Die Idee der «Circular Economy» ist nicht grundsätzlich falsch, aber sie greift die Probleme nicht am Schopf, sondern versucht sich an braven Optimierungen innerhalb des Kapitalismus, ohne dieses System selbst mit einem grundsätzlich anderen Denken zu konfrontieren.
Was ist der grösste Hebel für jede und jeden, um zu einer nachhaltigeren Wirtschaft beizutragen?
Jeder Mensch, jedes Unternehmen, jede Organisation hat eine «Sphere of Influence», um einen Beitrag zur nachhaltigen Entwicklung zu leisten. Hier ist es der individuelle Konsum, dort die Tätigkeit als Lehrerin in der Schule und wieder anderswo der Einfluss auf Zulieferbetriebe, auf Kooperationspartner oder auf die Politik. Jede und jeder kann und sollte etwas tun, wenn ihm oder ihr die Zukunft der Welt etwas bedeutet.
Und was tun Sie für diese Zukunft?
Meine bescheidene Aufgabe sehe ich darin, ein paar Sortierarbeiten zu leisten und immer mal wieder allzu zementierte Denkweisen zu hinterfragen. Wenn ich hier und da Menschen zum Denken ausserhalb des Gewohnten anrege, dann mache ich meinen Job. Denn: Es kommt anders, wenn man denkt!
Beschorner weiter: «Niemand hört es gerne, aber wir müssen unsere Konsumgewohnheiten ändern, wenn wir in einer Welt leben wollen, die wirklich nachhaltig ist.» Foto: Wikimedia | Maxi86ch
Monsieur Beschorner*, si l’on examine les principaux indicateurs, peut-on dire que l’économie suisse est écologiquement durable?
Thomas Beschorner: D’un point de vue écologique, la Suisse se classe plutôt bien en comparaison internationale. Un groupe de recherche de l’Université de Yale mesure chaque année la performance écologique des pays du monde entier et, en 2024, la Suisse occupait une bonne 9e place.
Pourtant, même la Suisse n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 1,5 degré.
Comme le dit le proverbe, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Le mode de vie des Helvètes nécessiterait en effet de recourir à deux planètes. Ainsi, chaque année, vers la fin du mois de juillet, nous devrions éteindre toutes les lumières pour être vraiment durables.
À l’échelle mondiale, est-ce vraiment si important que la petite Suisse soit sur la bonne voie?
Si l’on devait suivre ce raisonnement, vos lecteurs devraient cesser de payer leurs impôts en Suisse, car leur contribution fiscale par rapport au volume total des recettes fiscales helvétiques est tout aussi faible.
À qui incombe la responsabilité d’agir de manière plus durable? En tant qu’observateur, on a souvent l’impression que tout le monde se renvoie la responsabilité s’agissant de la protection de l’environnement…
Je partage ce constat. On dit parfois que les entreprises sont responsables, d’autres fois que ce sont les consommateurs, les politiciens suisses ou encore les institutions politiques mondiales. En réalité, il s’agit d’une responsabilité collective. Cela signifie que nous devons créer une dynamique appropriée entre les acteurs mentionnés pour favoriser le développement durable.
Une étude réalisée en 2024 par BAK Economics est arrivée à la conclusion que, d’un point de vue stratégique, les entreprises suisses sont sur la bonne voie, mais que leurs activités opérationnelles sont à la traîne. Cette bonne volonté relève-t-elle du greenwashing ou d’efforts sincères?
Il n’est pas possible de répondre à cette question de manière générale. Il est important de reconnaître la pertinence du sujet, mais il faut bien sûr passer à l’étape suivante: la mise en œuvre de pratiques concrètes dans tous les domaines de l’entreprise. L’étude mentionnée se concentre sur les PME, qui ne sont toujours pas bien positionnées en la matière. On considère, par exemple, qu’environ trois quarts des PME suisses n’ont pas de responsable durabilité.
Quel est le moyen le plus efficace pour combler le fossé entre la bonne volonté et l’action concrète?
Je recommanderais à la fois la carotte et le bâton. La carotte consiste à inciter les entreprises à adopter une gestion durable, par exemple par le biais de subventions, d’allégements fiscaux ou de préférences sur les marchés publics. Le bâton revient à mettre en place des incitations négatives, notamment en taxant de manière appropriée les biens et services qui nuisent à la durabilité.
Selon le WWF, l’empreinte écologique des Suisses s’élève à 13,51 tonnes d’équivalent CO2 par an, ce qui est nettement trop élevé. L’empreinte diminue considérablement lorsque l’on cesse presque complètement de consommer. On peut dès lors se demander si nous n’avons tout simplement pas trop d’argent à dépenser?
On constate généralement que plus les pays sont riches, plus ils contribuent à la destruction de notre planète. Cette tendance s’applique également au niveau individuel: si l’on a suffisamment d’argent, on achète chaque année un nouveau smartphone ou, si l’on est très riche, on se rend à New York en jet privé pour faire du shopping.
Si une consommation accrue possède un impact plus important sur l’environnement, dans quelle mesure la croissance économique et la durabilité écologique peuvent-elles faire bon ménage?
La croissance économique et la durabilité écologique ne sont pas compatibles. Le discours sur la croissance verte me semble n’être qu’un calmant néolibéral édulcoré, comme beaucoup d’autres slogans qui entourent le monde merveilleux et gagnant-gagnant lié à ce courant de pensée. L’engagement ne doit pas nécessairement être douloureux, mais on ne peut pas ignorer les valeurs fondamentales.
Supposons que tout soit produit dans le cadre d’une économie circulaire. Pourrions-nous continuer à consommer autant?
Personne ne veut l’admettre, mais nous devons changer nos habitudes de consommation si nous voulons vivre dans un monde véritablement durable. L’idée d’une économie circulaire n’est pas fondamentalement mauvaise, mais elle ne s’attaque pas aux problèmes à la racine. Elle se contente d’optimisations timides au sein du capitalisme, sans remettre en question le système lui-même grâce à une réflexion fondamentalement différente.
Quel est le levier le plus important pour chacun d’entre nous afin de contribuer à une économie plus durable?
Chaque personne, chaque entreprise, chaque organisation a une «sphère d’influence» qui lui permet de contribuer au développement durable. Il peut s’agir de la consommation individuelle, de l’enseignement à l’école, ou encore, dans d’autres circonstances, de l’influence sur les fournisseurs, les partenaires de coopération ou la politique. Chacun peut et doit donc agir si l’avenir du monde lui tient à cœur.
Vous-même, que faites-vous en faveur de cet avenir?
Je considère que ma modeste tâche consiste à effectuer quelques travaux de tri et à remettre en question de temps à autre les modes de pensée trop figés. Si j’incite ici et là des gens à sortir des sentiers battus, alors je fais mon travail, car tout change quand on réfléchit!
«Personne ne veut l’admettre, mais nous devons changer nos habitudes de consommation si nous voulons vivre dans un monde vraiment durable», affirme le professeur Thomas Beschorner, qui enseigne l’éthique économique à l’Université de Saint-Gall. Photo: Wikimedia | Maxi86ch
Signor Beschorner, se guardiamo le cifre più rilevanti, l’economia svizzera è ecologicamente sostenibile?
Prof. dr. Thomas Beschorner: Per quanto riguarda l’ecologia, nel confronto internazionale la Svizzera sembra messa davvero bene. Un gruppo di ricerca della Yale University analizza ogni anno la performance ecologica dei vari Paesi del mondo. Nel 2024 la Svizzera si è aggiudicata un ottimo nono posto.
Tuttavia nemmeno la Svizzera può dirsi a buon punto per quanto riguarda il raggiungimento dell’obiettivo degli 1,5 gradi.
Nel paese dei ciechi un guercio è re. Per sostenere la nostra economia in Svizzera sarebbero necessari due pianeti. Ogni anno, più o meno alla fine di luglio, dovremmo spegnere completamente tutte le luci della Svizzera per essere davvero sostenibili.
È davvero rilevante che la piccola Svizzera riesca a raggiungere gli obiettivi climatici?
Secondo questa logica, i contribuenti dovrebbero smettere di pagare le tasse in Svizzera poiché quello che pagano è solo una briciola del volume totale delle entrate fiscali del Paese.
A chi tocca avviare il processo verso una maggiore sostenibilità? Come osservatori, sembra sempre che per quanto riguarda la protezione ambientale tutti attribuiscano la responsabilità a qualcun altro.
Condivido questa osservazione: alcuni scaricano la responsabilità sulle imprese, le imprese scaricano la responsabilità sui consumatori. I consumatori dicono che è la politica svizzera ad essere responsabile. E la politica svizzera dice che è la politica globale a dover agire per prima. La verità è che si tratta di una responsabilità collettiva e ciò significa che occorre mettere in atto dinamiche appropriate tra gli attori menzionati per promuovere uno sviluppo sostenibile.
Nel 2024, un’indagine di BAK Economics è giunta alla conclusione che dal punto di vista strategico le imprese svizzere sono a buon punto ma da quello operativo c’è ancora molta strada da fare. Quanta di questa buona volontà da parte delle imprese è semplicemente greenwashing? Quanto invece è uno sforzo reale?
Non è una domanda a cui si può dare una risposta generale. Riconoscere l’importanza di questo tema è essenziale ma naturalmente occorre fare anche il passo successivo: l’attuazione nella pratica in tutti i settori dell’impresa. L’obiettivo dello studio menzionato sono le PMI che generalmente non sono proprio al passo sul tema se pensiamo ad esempio che in circa ¾ delle PMI svizzere non c’è una persona responsabile della sostenibilità.
Qual è il mezzo più efficace per colmare il divario tra la buona volontà e la messa in pratica?
Il mio consiglio è puntare su bastone e carota. La carota sono gli incentivi per le aziende verso una gestione sostenibile come ad esempio le sovvenzioni, gli sgravi fiscali o una posizione privilegiata per mandati da parte degli enti pubblici. Il bastone sono i rispettivi incentivi negativi, come ad esempio una tassazione ad hoc per beni e servizi che sono dannosi per la sostenibilità.
Secondo il WWF, l’impronta ecologica dei cittadini svizzeri ammonta a 13,51 tonnellate di CO2-equivalenti all’anno. Quindi decisamente troppo elevata. L’impronta ecologica diminuisce drasticamente quanto si rimuove il consumo. La domanda è quindi scontata: abbiamo troppi soldi da spendere?
Tendenzialmente si può dire che più un Paese è ricco, più contribuisce alla distruzione del nostro Pianeta. La tendenza è riscontrabile anche a livello individuale: chi se lo può permettere compra ogni anno un nuovo smartphone o, come superricco, viaggia in jet privato per fare shopping a New York.
Se un maggior consumo significa un maggiore impatto ambientale, in che misura la crescita economica e la sostenbilità ecologica possono davvero essere conciliate?
La crescita economica e la sostenibilità ecologica non sono conciliabili. Le chiacchiere sulla Green Growth mi sembrano semplicemente un contentino neoliberale all’acqua di rose come tanti altri slogan di questa filosofia che sembra un paese delle meraviglie del win-win. L’impegno non deve essere doloroso ma non possiamo evitare di sconvolgere alcuni valori fondamentali.
Fingiamo per un momento che tutto venga prodotto nel quadro di un’economia circolare: potremmo continuare a consumare allo stesso ritmo?
A nessuno piace sentirlo ma dobbiamo modificare le nostre abitudini di consumo se vogliamo vivere in un mondo che sia veramente sostenibile. L’idea della Circular Economy non è sbagliata di principio ma non risolve il problema alla radice: cerca di attuare una mediocre ottimizzazione all’interno del sistema capitalista senza affrontare il sistema stesso con un approccio fondamentalmente diverso.
Qual è la leva più importante per tutti noi per contribuire a un’economia sostenibile?
Ogni persona, ogni impresa, ogni organizzazione ha una sua «Sphere of Influence» per dare il proprio contributo allo sviluppo sostenibile. Può trattarsi del consumo individuale, del lavoro degli insegnanti nelle scuole o dell’influsso sui fornitori, sui partner con cui collaboriamo o sulla politica. Tutti possono e devono agire se hanno a cuore il futuro del mondo.
E cosa fa Lei per contribuire a questo futuro?
I miei modesti compiti includono aiutare a mettere ordine tra i pensieri e soprattutto il fatto di mettere in discussione i modi di pensare cementificati. Quando di tanto in tanto riesco a far ragionare qualcuno fuori dall‘ordinario, so di aver fatto il mio lavoro. È un dato di fatto: solo ragionando diversamente nasceranno nuove idee!
Il prof. dr. Thomas Beschorner insegna etica aziendale all’Università di San Gallo. «A nessuno piace sentirselo dire», spiega. «Ma dobbiamo modificare le nostre abitudini di consumo se vogliamo vivere in un mondo che sia veramente sostenibile.» Foto: Wikimedia | Maxi86ch