Dans une interview, Sol Marinucci explique l'importance de la durabilité culturelle pour un avenir durable. Photo : Celeste Valero

C'est pourquoi la préservation de l'artisanat traditionnel est si importante

Darum ist der Erhalt des traditionellen Kunsthandwerks so wichtig

Toute l’importance de préserver l’artisanat traditionnel

Proteggere l’artigianato tradizionale è di vitale importanza

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Préserver l'artisanat traditionnel ne protège pas seulement la culture, mais aussi les personnes et l'environnement. Une interview sur la durabilité culturelle.

A l'heure de la mondialisation et de l'industrialisation, l'artisanat traditionnel semble être une chose du passé. Dans la liste officielle des traditions suisses vivantes, seuls trois types d'artisanat d'art sont répertoriés.

Et la main sur le cœur : quand a-t-on acheté pour la dernière fois un objet en céramique ou un vêtement fabriqué de manière traditionnelle ? En voyageant, peut-être ? Dans de nombreux pays du monde, l'artisanat traditionnel est toujours pratiqué. Mais le fait que ces techniques continuent à survivre est loin d'être évident.

Sol Marinucci est cofondatrice de l'ONG internationale "League of Artisans"qui s'engage en faveur des artisans et de leurs revendications.

Sol Marinucci, dans votre travail, vous vous occupez de la durabilité culturelle. Qu'est-ce que cela signifie ?

Sol Marinucci : Les projets auxquels je participe ont pour but de rendre visible et de préserver le patrimoine culturel - comme l'artisanat traditionnel - afin de promouvoir des relations et des pratiques éthiques, transparentes et bénéfiques pour toutes les parties.

Dans quelle mesure la durabilité culturelle peut-elle être associée à d'autres formes de durabilité ? Par exemple avec la durabilité environnementale ?

Pour moi, les différents types de durabilité vont de pair. Si nous encourageons la durabilité culturelle en renforçant les artisans, nous encourageons aussi automatiquement la durabilité écologique. Un exemple : la culture Aimara parle de soins mutuels entre l'art et la nature. Elvira Espejo, qui a écrit dans notre livre "Artisans Voices", décrit que l'art textile n'englobe pas seulement le matériau, mais aussi le soin apporté aux animaux et à la terre. Les moutons et les lamas ont des noms et sont soignés avec beaucoup de dévouement. Les artisans ne sont donc pas seulement les dépositaires de ces techniques, mais aussi les dépositaires de la connaissance de la terre, de la nature, des animaux.

Cela signifie que si l'artisanat disparaît, une grande partie des connaissances sur la nature disparaîtra également.

Exactement. Lorsque j'entends parler d'innovations technologiques, leur potentiel me fascine, mais en même temps, il est important de reconnaître la sagesse que recèlent les pratiques traditionnelles dans la cohabitation et la gestion de la nature de manière durable. Par exemple, la pratique du "chaku" pour la tonte de la vigogne (NDLR : apparentée à l'alpaga), qui se déroule dans une structure en spirale pour apaiser les animaux. Ces pratiques sont très anciennes et nous montrent ce que peuvent être le respect et le soin de la nature et de la culture.

Son nouveau projet porte sur l'interface entre le changement climatique et l'artisanat d'art - aux Philippines.

Nous développons une boîte à outils pratique pour les artisans du textile dans les zones exposées aux catastrophes, basée sur l'expérience locale et sur celle d'autres régions du monde. Il vise à inspirer des mesures créatives pour aider les communautés d'artisans à surmonter les catastrophes causées par le changement climatique.

Quels sont les autres défis qui entravent la survie de l'artisanat d'art ?

Dans le monde d'aujourd'hui, on est habitué à tout obtenir immédiatement. Mais l'artisanat d'art nécessite souvent beaucoup de temps et de soin. Si cela n'est pas reconnu, il se peut que la demande pour ces pièces continue à baisser régulièrement. Cela vaut pour les intermédiaires comme pour les utilisateurs finaux. Les textiles, par exemple, sont souvent teints avec des plantes ou des fruits qui dépendent des saisons. Si quelqu'un passe une commande, il faudra peut-être attendre la prochaine récolte. Il est important d'être conscient de ces facteurs.

L'artisanat d'art est-il toujours transmis de génération en génération ?

C'est ce qui se passe. Il s'agit toutefois d'un défi de taille. De nombreux jeunes se montrent peu intéressés par l'apprentissage de l'artisanat hérité de leurs parents et grands-parents. C'est aussi pour cette raison qu'il est important d'améliorer la reconnaissance et les conditions structurelles de l'artisanat d'art.

Suite à la publication "Artisans Voices" mentionnée plus haut, un Manifeste. Pourquoi ?

Après avoir réuni toutes ces voix dans le livre, il était important pour nous de créer un appel à l'action et de souligner le rôle que jouent les artisans d'art dans la préservation du patrimoine culturel et la résolution des défis actuels. Il nous a fallu un an pour réaliser le manifeste avec des artisans d'Inde, du Guatemala, d'Équateur, de Bolivie, du Mexique, du Pérou, d'Argentine, du Royaume-Uni, du Sri Lanka et d'Égypte.

Les réalités de vie dans ces pays sont certainement très différentes. Où avez-vous trouvé des points communs ?

Il existe de nombreuses différences, mais aussi de nombreux points communs. Quelle que soit leur culture, les demandes de traitement équitable et de respect se rejoignent.

Pouvez-vous donner un exemple ?

L'un des thèmes abordés est l'incertitude dans laquelle se trouvent de nombreux artisans quant à la destination finale de leurs pièces. Souvent, ils ne savent pas qui achètera leurs créations ou où elles iront, ce qui peut créer un profond sentiment d'aliénation. Un autre aspect central de presque toutes les discussions était le problème du commerce équitable : il y a un manque de compréhension du temps, du savoir-faire et de l'effort que leur travail exige. En conséquence, les pièces sont souvent vendues pour beaucoup moins que leur valeur réelle. Souvent, c'est aussi parce que les artisans manquent d'informations sur le marché.

Que peut-on faire en tant que particulier si l'on veut traiter l'artisanat d'art avec respect ?

L'essentiel est de s'informer et de faire des choix en connaissance de cause. Il ne s'agit pas seulement d'acheter des produits, mais aussi de respecter l'histoire et les personnes derrière les produits. Il faut demander d'où viennent les produits, comment ils ont été fabriqués et s'assurer que les gens reçoivent une juste rémunération pour leur travail. Lire et comprendre notre manifeste peut être un bon premier pas.

Pour conclure, je dirais : Quelle idée fausse sur l'artisanat d'art aimeriez-vous réfuter ?

L'artisanat n'est pas statique, il évolue et innove. La communauté Wichí du nord de l'Argentine en est un exemple : elle utilise une fibre végétale, le "chaguar", dont les gisements diminuent toutefois en raison de la déforestation et du changement climatique. Face à cette pénurie, ils ont commencé à utiliser leurs techniques de tissage traditionnelles avec de la laine ou des matériaux recyclés. Pour moi, c'est une réponse intelligente à la protection de la fibre "chaguar" et cela montre un profond respect pour les matériaux qui disparaissent de la nature.

In Zeiten von Globalisierung und Industrialisierung scheint traditionelles Kunsthandwerk eine Sache aus vergangenen Zeiten zu sein. In der offiziellen Liste der lebendigen Schweizer Traditionen sind lediglich drei Kunsthandwerksarten aufgelistet.

Und Hand aufs Herz: Wann hat man zuletzt ein Keramik- oder Kleidungsstück gekauft, das traditionell hergestellt wurde? Auf Reisen vielleicht? In vielen Ländern der Welt wird traditionelles Kunsthandwerk nach wie vor praktiziert. Doch dass die Techniken weiterhin überleben, ist alles andere als selbstverständlich.

Sol Marinucci ist Co-Gründerin der internationalen NGO «League of Artisans», die sich für Kunsthandwerkende und deren Anliegen einsetzt.

Sol Marinucci, in Ihrer Arbeit beschäftigen Sie sich mit kultureller Nachhaltigkeit. Was ist damit gemeint?

Sol Marinucci: Die Projekte, in denen ich mitarbeite, haben zum Ziel, kulturelles Erbe – wie traditionelles Kunsthandwerk – sichtbar zu machen und zu bewahren, um ethische, transparente und für alle Seiten vorteilhafte Beziehungen und Praktiken zu fördern.

Inwiefern lässt sich kulturelle Nachhaltigkeit mit anderen Formen von Nachhaltigkeit verbinden? Etwa mit ökologischer Nachhaltigkeit?

Für mich gehören die unterschiedlichen Arten von Nachhaltigkeit zusammen. Wenn wir kulturelle Nachhaltigkeit fördern, in dem wir Kunsthandwerkende stärken, dann fördern wir automatisch auch die ökologische Nachhaltigkeit. Ein Beispiel: Die Aimara-Kultur spricht von der gegenseitigen Fürsorge zwischen Kunst und Natur. Elvira Espejo, die in unserem Buch «Artisans Voices» mitgewirkt hat, beschreibt, dass Textilkunst nicht nur das Material, sondern auch die Fürsorge für Tiere und die Erde umfasst. Die Schafe und Lamas haben Namen und werden mit viel Hingabe gepflegt. Kunsthandwerkende sind also nicht nur die Bewahrer dieser Techniken, sondern auch Bewahrer des Wissens über die Erde, die Natur, die Tiere.

Das bedeutet: Verschwindet das Kunsthandwerk, dann verschwindet auch sehr viel Wissen über die Natur.

Genau. Wenn ich von technologischen Innovationen höre, fasziniert mich deren Potenzial, aber gleichzeitig ist es wichtig zu erkennen, wie viel Weisheit in traditionellen Praktiken steckt im Zusammenleben und Umgang mit der Natur auf nachhaltige Art und Weise. Zum Beispiel die «Chaku»-Praktik zur Schur der Vikunja (Anm. d. Red.: verwandt mit dem Alpaka), die in einer spiralförmigen Struktur stattfindet, um die Tiere zu beruhigen. Diese Praktiken sind uralt und zeigen uns, wie Respekt und Fürsorge im Umgang mit Natur und Kultur aussehen können.

Ihr neues Projekt befasst sich mit der Schnittstelle zwischen Klimawandel und Kunsthandwerk – auf den Philippinen.

Wir entwickeln ein praxisorientiertes Toolkit für Textilkunsthandwerkende in katastrophengefährdeten Gebieten, das auf Erfahrungen vor Ort und aus anderen Gebieten der Welt basiert. Es soll kreative Massnahmen inspirieren, um Handwerksgemeinschaften beim Überwinden von durch den Klimawandel verursachten Katastrophen zu helfen.

Welche Herausforderungen stehen dem Überleben des Kunsthandwerks denn sonst noch im Weg?

In der heutigen Welt ist man es gewohnt, alles sofort zu bekommen. Aber Kunsthandwerk benötigt oft viel Zeit und Sorgfalt. Ohne die Anerkennung dessen kann es sein, dass die Nachfrage nach diesen Stücken stetig weiter sinkt. Das gilt für Zwischenhändler und für Endnutzer. Textilien werden zum Beispiel oft mit Pflanzen oder Früchten gefärbt, die jahreszeitenabhängig sind. Wenn jemand eine Bestellung aufgibt, muss man möglicherweise auf die nächste Ernte warten. Es ist wichtig, sich über diese Faktoren im Klaren zu sein.

Wird Kunsthandwerk noch immer von einer Generation an die nächste weitergegeben?

So ist es. Das ist jedoch eine grosse Herausforderung. Viele junge Leute zeigen wenig Interesse daran, das geerbte Handwerk ihrer Eltern und Grosseltern zu erlernen. Auch deshalb ist es wichtig, die Anerkennung und die strukturellen Bedingungen für das Kunsthandwerk zu verbessern.

Im Anschluss an die erwähnte Publikation «Artisans Voices» entstand ein Manifest. Weshalb?

Nachdem wir im Buch all diese Stimmen zusammengebracht hatten, war es uns wichtig, einen Aufruf zum Handeln zu schaffen und hervorzuheben, welche Rolle Kunsthandwerkende bei der Bewahrung des kulturellen Erbes und der Lösung aktueller Herausforderungen spielen. Es dauerte ein Jahr, bis wir das Manifest zusammen mit Kunsthandwerkenden aus Indien, Guatemala, Ecuador, Bolivien, Mexiko, Peru, Argentinien, dem Vereinigten Königreich, Sri Lanka und Ägypten realisiert hatten.

Die Lebensrealitäten in diesen Ländern sind sicherlich sehr unterschiedlich. Wo fanden Sie Gemeinsamkeiten?

Es gibt viele Unterschiede, aber auch reichlich Gemeinsamkeiten. Unabhängig von ihrer Kultur decken sich die Bitten nach fairem Umgang und Respekt.

Können Sie ein Beispiel nennen?

Ein Thema ist die Unsicherheit, die viele Kunsthandwerkende über das Endziel ihrer Stücke haben. Oft wissen sie nicht, wer ihre Kreationen kauft oder wohin sie gehen, was ein tiefes Gefühl der Entfremdung erzeugen kann. Ein weiterer zentraler Aspekt in fast allen Gesprächen war das Problem des fairen Handels: Es besteht ein Mangel an Verständnis für die Zeit, das Können und den Aufwand, den ihre Arbeit erfordert. Entsprechend werden die Stücke oft für viel weniger verkauft, als sie wirklich wert sind. Oft auch, weil den Kunsthandwerkenden Marktinformationen fehlen.

Was kann man als Privatperson tun, wenn man dem Kunsthandwerk mit Respekt begegnen will?

Das Wichtigste ist, sich zu informieren und bewusste Entscheidungen zu treffen. Es geht nicht nur darum, Produkte zu erwerben, sondern auch darum, die Geschichte und die Menschen hinter den Produkten zu respektieren. Man sollte nachfragen, woher die Produkte kommen, wie sie hergestellt wurden und sicherstellen, dass die Menschen eine gerechte Entlohnung für ihre Arbeit erhalten. Unser Manifest zu lesen und zu verstehen kann ein guter erster Schritt sein.

Zum Schluss: Welchen Irrglauben über Kunsthandwerk möchten Sie gerne entkräften?

Kunsthandwerk ist nicht statisch, es entwickelt sich weiter und ist innovativ. Ein Beispiel dafür ist die Wichí-Gemeinschaft im Norden Argentiniens, die eine pflanzliche Faser, den «Chaguar», verwendet, deren Vorkommen jedoch aufgrund von Abholzung und Klimawandel abnimmt. Angesichts dieser Knappheit haben sie begonnen, ihre traditionellen Webtechniken mit Wolle oder recyceltem Material anzuwenden. Für mich ist dies eine intelligente Antwort auf den Schutz der «Chaguar»-Faser und zeigt tiefen Respekt für die Materialien, die aus der Natur verschwinden.

À l’heure de la mondialisation et de l’industrialisation, l’artisanat traditionnel semble appartenir au passé. D’autant plus que la liste officielle des traditions vivantes suisses ne recense que trois types d’artisanat.

Mais soyons honnête: quand a-t-on acheté pour la dernière fois une pièce de céramique ou un vêtement fabriqués de manière traditionnelle? Lors d’un voyage, peut-être? Si, dans de nombreux pays du monde, l’artisanat traditionnel est toujours pratiqué, rien ne dit que ces techniques continueront à survivre.

Interview de Sol Marinucci, cofondatrice de l’ONG internationale «League of Artisans», qui s’engage en faveur des artisans d’art et de leurs préoccupations.

Sol Marinucci, dans votre travail, vous vous occupez de la durabilité culturelle. Qu’entend-on par là?

Les projets auxquels je participe ont pour but de rendre visible et de préserver le patrimoine culturel, à l’image de l’artisanat traditionnel, afin de promouvoir des relations et des pratiques éthiques, transparentes et mutuellement bénéfiques.

Dans quelle mesure la durabilité culturelle peut-elle être associée à d’autres formes de durabilité, comme la durabilité écologique?

Pour moi, les différents types de durabilité vont de pair. Si nous encourageons la durabilité culturelle en renforçant l’artisanat, nous incitons aussi automatiquement la durabilité écologique. Un exemple: la culture Aimara (NDLR: en Amérique du Sud) parle de soins mutuels entre l’art et la nature. Elvira Espejo, qui a participé à notre livre intitulé «Artisans Voices», décrit que l’art textile ne concerne pas seulement le matériau, mais aussi le soin apporté aux animaux et à la terre. Les moutons et les lamas ont des noms et sont soignés avec beaucoup de dévouement. Les artisans d’art sont dépositaires de techniques, mais aussi de la connaissance de la terre, de la nature et des animaux.

Cela signifie que si l’artisanat d’art disparaissait, une grande partie du savoir sur la nature périrait également…

Exactement. Lorsque j’entends parler d’innovations technologiques, leur potentiel me fascine, mais, dans un même temps, il est important de reconnaître la sagesse contenue dans les pratiques traditionnelles de cohabitation et de gestion de la nature de manière durable. On peut par exemple penser à la pratique du «chaku» pour la tonte de la vigogne (NDLR: animal apparenté à l’alpaga), qui se déroule dans une structure en spirale pour apaiser les animaux. Ces pratiques ancestrales nous montrent comment se combinent le respect et le soin de la nature et de la culture.

Votre nouveau projet, aux Philippines, porte sur l’interaction entre le changement climatique et l’artisanat d’art.

Nous développons une boîte à outils pratique pour les artisans du textile présents dans les zones exposées aux catastrophes. Elle repose sur l’expérience locale et sur celle d’autres régions du monde. Ce projet vise à inspirer des mesures créatives pour aider les communautés d’artisans à surmonter les catastrophes causées par le changement climatique.

Quels sont les autres défis qui entravent la survie de l’artisanat?

Dans le monde d’aujourd’hui, on est habitué à tout obtenir immédiatement. L’artisanat d’art nécessite en revanche souvent beaucoup de temps et de soin. Si ce travail n’est pas reconnu, il se peut que la demande pour ces pièces continue régulièrement à baisser. Cela vaut pour les intermédiaires comme pour les utilisateurs finaux. Les textiles, par exemple, sont souvent teints avec des plantes ou des fruits, qui dépendent des saisons. Si quelqu’un passe une commande, il faudra peut-être attendre la prochaine récolte. Il est important d’être conscient de ces facteurs.

L’artisanat se transmet-il toujours d’une génération à l’autre?

Effectivement, mais cela représente toutefois un grand défi. De nombreux jeunes montrent un intérêt très limité à apprendre l’artisanat hérité de leurs parents et grands-parents. C’est aussi pour cette raison qu’il est important d’améliorer la reconnaissance et les conditions structurelles autour de l’artisanat d’art.

Un manifeste a été rédigé à la suite de la publication de l’ouvrage «Artisans Voices», mentionnée ci-dessus. Pourquoi?

Après avoir réuni toutes ces voix dans ce livre, il était important pour nous de créer un appel à l’action et de souligner le rôle des artisans d’art dans la préservation du patrimoine culturel et la résolution des défis actuels. Il nous a fallu un an pour réaliser le manifeste avec des artisans d’Inde, du Guatemala, d’Équateur, de Bolivie, du Mexique, du Pérou, d’Argentine, du Royaume-Uni, du Sri Lanka et d’Égypte.

Les réalités de vie dans ces pays sont certainement très différentes. Quels sont les points communs?

Il y a en effet beaucoup de différences, mais aussi de nombreuses similitudes. Indépendamment des cultures, les demandes de traitement équitable et de respect se rejoignent.

Pourriez-vous citer un exemple?

L’incertitude dans laquelle se trouvent de nombreux artisans quant à la destination finale de leurs pièces. Souvent, ils ne savent pas qui achètera leurs créations ou où elles iront, ce qui peut créer un profond sentiment de désappropriation. Un autre aspect au centre de presque toutes les discussions était la problématique du commerce équitable: il y a un manque de compréhension du temps, du savoir-faire et de l’effort que leur travail exige. En conséquence, les pièces sont généralement vendues en dessous de leur valeur réelle. Souvent aussi parce que les artisans manquent d’informations sur le marché.

Que peut-on faire en tant que particulier si l’on souhaite traiter l’artisanat d’art avec respect?

Le plus important est de s’informer et de faire des choix conscients. Il ne s’agit pas seulement d’acheter des produits, mais aussi de respecter l’histoire et les personnes qui sont derrière. Il faut demander d’où viennent les pièces, comment elles ont été fabriquées et s’assurer que les gens reçoivent une juste rémunération pour leur travail. Lire et comprendre notre manifeste peut être un bon début.

Quelle fausse idée liée à l’artisanat d’art aimeriez-vous gommer?

L’artisanat d’art n’est pas statique, il évolue et innove. Un bon exemple est la communauté Wichí, dans le nord de l'Argentine, qui utilise une fibre végétale, le «chaguar», mais dont les ressources diminuent en raison de la déforestation et du changement climatique. Face à cette pénurie, ses artisans ont commencé à utiliser leurs techniques de tissage traditionnelles avec de la laine ou des matériaux recyclés. Pour moi, il s’agit d’une réponse intelligente afin de protéger la fibre de «chaguar» et d’un profond respect pour les matériaux qui disparaissent de la nature.

In questi tempi di globalizzazione e industrializzazione, l’artigianato tradizionale sembra ormai appartenere al passato. Nella lista ufficiale delle tradizioni viventi in Svizzera sono elencati solamente tre tipi di artigianato tradizionale.

E siamo onesti: quand’è l’ultima volta che abbiamo acquistato un pezzo in ceramica o un abito prodotto con metodi tradizionali? Durante un viaggio magari? In molti Paesi del mondo, l’artigianato tradizionale è ancora praticato come in passato. Tuttavia, la sopravvivenza delle tecniche tradizionali è tutto fuorché scontata.

Sol Marinucci è la cofondatrice della ONG internazionale «League of Artisans» che si impegna a favore degli artigiani e delle loro necessità.

Sol Marinucci, il suo lavoro la porta ad occuparsi di sostenibilità culturale. Di cosa si tratta?

Sol Marinucci: I progetti a cui collaboro hanno come obiettivo quello di ridare importanza e proteggere le eredità culturali, come l’artigianato tradizionale, per promuovere legami e pratiche etnici, trasparenti e vantaggiosi per tutti.

La sostenibilità culturale può essere collegata con altre forme di sostenibilità? Ad esempio con la sostenibilità ecologica?

Per me, le differenti forme di sostenibilità sono tutte collegate. Promuovendo la sostenbilità culturale, ossia proteggendo l’artigianato tradizionale, promuoviamo automaticamente anche la sostenibilità ecologica. Un esempio: la cultura aymara si basa sulla cura reciproca tra arte e natura. Elvira Espejo, che ha partecipato alla scrittura del nostro libro «Artisans Voices», descrive come l’arte tessile non includa solo i materiali ma anche la cura degli animali e della terra. Pecore e agnelli hanno un nome e vengono accuditi con grande dedizione. Gli artigiani non sono quindi solo i custodi di queste tecniche ma anche i custodi delle conoscenze legate alla terra, alla natura e agli animali.

Ciò implica che se scomparisse l’artigianato scomparirebbero anche queste conoscenze sulla natura.

Esatto. Quando sento parlare di innovazioni tecnologiche, il loro potenziale non manca mai di affascinarmi ma al contempo è importante riconoscere quante conoscenze si nascondono nelle pratiche tradizionali per convivere e gestire la natura in modo sostenibile. Ad esempio la pratica del «chaccu» per la tosatura delle vicuña (n. d. r. imparentate con gli alpaca) che si tiene in strutture a spirale per calmare gli animali. Queste pratiche sono antichissime e ci mostrano come possono apparire rispetto e cura nella gestione della natura e della cultura.

Il vostro nuovo progetto si occupa del legame tra cambiamenti climatici e artigianato nelle Filippine.

Stiamo sviluppando un toolkit orientato alla pratica per gli artigiani del settore tessile che vivono in aree a rischio di catastrofi naturali basato sulle esperienze vissute sul posto e in altri luoghi del pianeta. Mira a ispirare misure creative per aiutare le comunità di artigiani a superare le catastrofi causate dai cambiamenti climatici.

Quali sono le sfide più importanti da affrontare per garantire la sopravvivenza dell’artigianato tradizionale?

Al giorno d’oggi siamo abituati ad avere tutto subito. L’artigianato tradizionale necessita però di tanto tempo e cura. Se non accettiamo questa verità, la domanda per questi pezzi di artigianato potrebbe diminuire costantemente. Vale sia per i rivenditori che per i consumatori finali. I tessili ad esempio vengono spesso tinti con piante o frutti la cui disponibilità è legata alle stagioni. Quando piazziamo un ordine, probabilmente dovremmo aspettare fino al prossimo raccolto. È importante essere bene in chiaro su questi fattori.

Le tecniche di artigianato vengono ancora tramandate di generazione in generazione?

Sì, esatto. Anche questa è però una sfida importante. Molti giovani mostrano poco interesse ad apprendere le tecniche tramandate dai loro genitori e dai loro nonni. Anche per questo è importante migliorare il riconoscimento e le condizioni strutturali dell’artigianato.

Alla fine del libro menzionato in precedenza, «Artisans Voices», si trova un manifesto. Come mai?

Dopo aver riunito tutte quelle voci in un unico libro, era importante per noi lanciare un appello ad agire ed evidenziare il ruolo dell’artigianato tradizionale nella conservazione dell’eredità culturale e nella risoluzione delle sfide attuali. Ci è voluto un anno per riuscire a realizzare il manifesto in collaborazione con artigiani provenienti da India, Guatemala, Ecuador, Bolivia, Messico, Perù, Argentina, Regno Unito, Sri Lanka ed Egitto.

Lo stile di vita in questi Paesi è sicuramente molto diverso. Dove avete trovato punti in comune?

Ci sono molte differenze ma anche tante similitudini. Indipendentemente dalla cultura, tutti chiedono equità e rispetto.

Può farci un esempio?

Uno dei temi è l’insicurezza di molti artigiani in merito alla destinazione finale delle proprie creazioni. Spesso non sanno chi compra i loro prodotti o dove finiscono e ciò può provocare un profondo sentimento di estraniazione. Un altro aspetto centrale in tutte le conversazioni avute è il problema del commercio equo: manca la comprensione per il tempo, le capacità e le spese che il loro lavoro richiede. Quindi i prodotti vengono spesso venduti per molto meno di quello che è il loro reale valore. Spesso anche perché agli artigiani mancano le informazioni relative al mercato.

Cosa possiamo fare come privati se vogliamo trattare con rispetto l’artigianato tradizionale?

La cosa più importante è informarsi e prendere decisioni consapevoli. Non si tratta solo di acquistare un oggetto ma di rispettare la storia e le persone che lavorano a questi prodotti. Occorre chiedersi da dove viene un determinato prodotto, come è stato creato e assicurarsi che le persone ricevano un compenso adeguato al loro lavoro. Leggere il nostro manifesto per comprendere meglio è un buon primo passo.

Per concludere: quale pregiudizio sull’artigianato le piacerebbe sfatare?

L’artigianato non è statico, si sviluppa continuamente ed è innovativo. Ad esempio, la comunità Wichí nel nord dell’Argentina lavora una fibra vegetale, il «chaguar», la cui esistenza è pregiudicata dal disboscamento e dai cambiamenti climatici. A fronte di questa scarsità hanno iniziato ad applicare le tecniche tradizionali di tessitura alla lana o a materiali riciclati. Secondo me, questa è una risposta intelligente per la protezione delle fibre «chaguar» e mostra un profondo rispetto per i materiali che stanno sparendo in natura.

Sol Marinucci est cofondatrice de l'ONG "League of Artisans", qui s'engage en faveur des artisans et de leurs revendications. Photo : Sol Marinucci
Les voyages : Les longs voyages en avion sont de véritables tueurs de climat. C'est pourquoi il vaut mieux miser sur des vacances dans son propre pays. S'il faut quand même partir plus loin, il faut absolument payer le petit supplément pour la compensation du CO₂.
Des artisans du monde entier ont pris la parole dans la publication "Artisans Voices". Un manifeste a été rédigé à la suite de cette publication. Photo : Sol Marinucci
Les voyages : Les longs voyages en avion sont de véritables tueurs de climat. C'est pourquoi il vaut mieux miser sur des vacances dans son propre pays. S'il faut quand même partir plus loin, il faut absolument payer le petit supplément pour la compensation du CO₂.
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Première publication: 
27.12.2024
  | Dernière mise à jour: 
22.1.2025

Sol Marinucci est designer textile, gestionnaire culturelle, chercheuse indépendante, curatrice, consultante et cofondatrice de la "League of Artisans". Cette Argentine travaille depuis plus de 20 ans avec des communautés d'artisans indigènes. Pour le British Council, elle a dirigé le programme "Crafting Futures" en Argentine, en Bolivie et en Asie du Sud. Il en a résulté la publication "Artisans' Voices", dans laquelle de nombreux artisans du monde entier s'expriment. Elle est cofondatrice de l'ONG "League of Artisans".

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