L'établissement pénitentiaire est considéré comme la plus grande des presque 50 000 fermes suisses. Alors qu'une ferme moyenne exploite environ 21 hectares, l'établissement pénitentiaire plante cultive sur environ 700 hectares du colza et du riz, élève quelques centaines de porcs et de bovins en plein air et offre un foyer aux poulains. Jusqu'à 166 hommes adultes purgent ici leur peine de prison. La plupart d'entre eux sont incarcérés pour des infractions à la loi sur les stupéfiants, mais aussi pour des infractions au code de la route ou des atteintes à la vie et à l'intégrité corporelle - ou parfois les deux à la fois.
Le travail en prison comme thérapie
La combinaison de la détention et de l'agriculture remonte au 19e siècle. Le directeur de l'établissement pénitentiaire de l'époque, Otto Kellerhals, en était convaincu : le travail agricole fait du bien aux détenus, tant sur le plan physique que psychique. En raison de son approche, qui consiste à ne pas considérer les détenus en premier lieu comme des criminels, mais comme des êtres humains, il est devenu plus tard un figure centrale dans la réforme des prisons suisses. Aujourd'hui encore, certains aspects de sa philosophie restent valables : en 2013, le Tribunal fédéral a confirmé l'efficacité du travail en prison. l'effet thérapeutique du travail en prison.
Le biologiste Guillod tient un papier plastifié dans sa main. On y voit une photo d'oiseau et une statistique : le vanneau huppé aux plumes multicolores a presque disparu de Suisse. Mais aujourd'hui, sa population augmente à nouveau. Des personnes comme Guillod et le pénitencier de Witzwil en sont aussi responsables. "En tant qu'établissement cantonal, nous voulons être des élèves modèles", explique le responsable de l'écologie. Légalement, la prison serait tenue d'avoir sept pour cent de surface de biodiversité. Selon ses propres indications, la part du JVA Witzwil est plus de deux fois supérieure : 15 pour cent. Environ 100 hectares. Ou : 140 terrains de football.
L'équilibre favorise la biodiversité
"C'est une erreur de croire que l'on peut laisser la nature se débrouiller seule en Suisse", poursuit Guillod. Comme il n'y a pratiquement plus d'incendies de forêt et d'inondations, l'homme doit intervenir de manière ciblée, poursuit-il. C'est la seule façon de maintenir l'équilibre. Si, par exemple, une mauvaise herbe proliférait, elle rendrait la vie difficile aux espèces indigènes. Les insectes ne trouveraient pas d'habitat, ce qui priverait les oiseaux de nourriture. "La biodiversité dépend aussi des petits organismes", résume Guillod. Il reçoit le soutien d'organisations environnementales locales.
Les détenus de Witzwil se soucient eux aussi de la biodiversité - qu'ils le veuillent ou non. Chaque jour de la semaine, à 7h40, certains d'entre eux sont dans les champs avant de retourner dans le secteur fermé après une pause déjeuner à 17 heures. Alors qu'ils vivaient autrefois derrière des portes métalliques dans des cellules individuelles, ils sont aujourd'hui logés dans des colocations. Mais même dans ces cellules, les lumières s'éteignent à 21h30 précises et la porte est fermée. Jusqu'à ce que leur journée suivante commence à six heures du matin. 20 minutes n'a pas pu parler avec les détenus de l'établissement pénitentiaire de Witzwil.
Le vanneau huppé est de retour
Guillod lève les yeux au ciel. "Un vanneau huppé", commente le responsable de l'écologie à propos de l'oiseau qui passe. Le champ devant lui a été délibérément semé de manière à ce que l'espèce menacée trouve dans la végétation clairsemée un lieu de nidification et d'élevage approprié. Bien que ce ne soit pas encore le cas actuellement : le biologiste est certain que cet oiseau rare va bientôt nicher dans les champs de l'établissement pénitentiaire de Witzwil.
Die Haftanstalt gilt als grösster der fast 50’000 Schweizer Bauernhöfe. Während ein durchschnittlicher Hof rund 21 Hektaren bewirtschaftet, pflanzt die JVA auf rund 700 Hektaren Raps und Reis an, hält ein paar Hundert Freilandschweine und Rinder und bietet Fohlen ein Zuhause. Bis zu 166 erwachsene Männer verbüssen hier ihre Gefängnisstrafen. Die meisten davon sitzen wegen Verstössen gegen das Betäubungsmittelgesetz ein, aber auch wegen Vergehen gegen die Strassenverkehrsregeln oder Leib und Leben – oder auch mal alles davon zusammen.
Gefängnisarbeit als Therapie
Die Kombination von Haft und Landwirtschaft geht auf das 19. Jahrhundert zurück. Der damalige JVA-Direktor Otto Kellerhals war überzeugt: Die Bauernarbeit tut den Gefangenen physisch und psychisch gut. Wegen seines Ansatzes, die Inhaftierten nicht in erster Linie als Kriminelle, sondern als Menschen zu sehen, wurde er später zu einer Kernfigur in der Reformation der Schweizer Gefängnisse. Noch heute behalten Teile seiner Philosophie ihre Gültigkeit: 2013 bestätigte das Bundesgericht den therapeutischen Effekt von Gefängnisarbeit.
Der Biologe Guillod hält ein laminiertes Papier in der Hand. Auf diesem zu sehen, sind ein Bild eines Vogels und eine Statistik: Der Kiebitz mit seinen bunten Federn war in der Schweiz fast ausgestorben. Doch nun wächst seine Population wieder. Dafür verantwortlich sind auch Menschen wie Guillod und die JVA Witzwil. «Als kantonaler Betrieb wollen wir Musterschüler sein», sagt der Leiter Ökologie. Gesetzlich wäre die Haftanstalt verpflichtet, sieben Prozent Biodiversitätsfläche zu haben. Der Anteil der JVA Witzwil liegt nach Eigenangaben mehr als doppelt so hoch: 15 Prozent. Rund 100 Hektaren. Oder: 140 Fussballfelder.
Balance fördert Biodiversität
«Es ist ein Irrglaube, dass man die Natur in der Schweiz sich selbst überlassen kann», sagt Guillod weiter. Da es kaum mehr Waldbrände und Überschwemmungen gebe, müsse der Mensch gezielt eingreifen. Nur so könne die Balance erhalten bleiben. Würde beispielsweise ein Unkraut wuchern, würde es heimischen Arten das Leben schwer machen. Insekten würden keinen Lebensraum finden, was wiederum den Vögeln die Nahrung nimmt. «Die Biodiversität steht und fällt auch mit den Kleinlebewesen», fasst Guillod zusammen. Unterstützung erhält er von lokalen Umweltorganisationen.
Auch die Gefangenen von Witzwil kümmern sich um die Biodiversität – ob sie wollen oder nicht. Jeden Wochentag um 7.40 Uhr stehen einige von ihnen auf den Feldern, bevor es nach einer Mittagspause um 17 Uhr wieder zurück in den geschlossenen Bereich geht. Lebten sie dort früher noch hinter Metalltüren in Einzelzellen, sind sie heute in WGs untergebracht. Doch auch in diesen heisst es um Punkt 21.30 Uhr: Lichterlöschen, es wird zugesperrt. Bis jeweils um sechs Uhr morgens ihr nächster Tag beginnt. Mit den Insassen der JVA Witzwil konnte 20 Minuten nicht sprechen.
Der Kiebitz ist zurück
Guillod hebt den Blick in die Luft. «Ein Kiebitz», kommentiert der Leiter Ökologie den vorbeifliegenden Vogel. Das Feld vor ihm wurde bewusst so gesät, dass die bedrohte Art in der spärlichen Vegetation einen geeigneten Brut- und Aufzuchtort findet. Obwohl es aktuell noch nicht so weit ist: Der Biologe ist sich sicher, dass der seltene Vogel bald auch auf den Feldern der JVA Witzwil brüten wird.
L’établissement pénitentiaire de Witzwil reçoit jusqu’à 166 hommes de plus de 18 ans qui purgent des peines de prison. La plupart d’entre eux sont incarcérés pour des infractions à la loi sur les stupéfiants, mais aussi pour des entorses au code de la route ou encore des atteintes à la vie et à l’intégrité physique d’autrui, voire parfois les trois en même temps. Cette prison est également considérée comme la plus grande des quelque 50’000 fermes de Suisse. Alors qu’une exploitation agricole moyenne exploite environ 21 hectares, cet établissement pénitentiaire cultive du colza et du riz sur près de 700 hectares, élève quelques centaines de porcs et de bovins en plein air et offre refuge à des poulains.
Le travail en prison comme thérapie
La combinaison entre détention et agriculture remonte au 19e siècle. Otto Kellerhals, alors directeur de cet établissement pénitentiaire, était convaincu que le travail de la terre faisait du bien aux détenus, tant sur le plan physique que psychique. Grâce à son approche, qui consiste à ne pas considérer en premier lieu les détenus comme des criminels, mais comme des êtres humains, il est progressivement devenu une figure centrale de la réforme des prisons helvétiques. Aujourd’hui encore, certains pans de sa philosophie restent d’actualité. En 2013, le Tribunal fédéral a en effet confirmé l’effet thérapeutique du travail en prison.
Le biologiste Nicolas Guillod tient un papier plastifié dans sa main. On peut y voir la photo d’un oiseau dont les plumes sont multicolores, le vanneau huppé, et une statistique qui montre qu’il avait presque disparu de Suisse, mais que sa population augmente désormais à nouveau. Nicolas Guillod et le pénitencier de Witzwil sont en partie responsables de cette réussite. «En tant qu’établissement cantonal, nous voulons être des élèves modèles», explique le responsable de l’écologie. Légalement, la prison est tenue d’avoir 7% de surface de biodiversité. Selon ses propres dires, cette part atteint ici 15%, donc plus du double. Cela correspond environ à 100 hectares, ou, autrement dit, 140 terrains de football.
L’équilibre favorise la biodiversité
«En Suisse, c’est une erreur de croire que l’on peut laisser la nature se débrouiller seule», poursuit Nicolas Guillod. Comme il n’y a désormais pratiquement plus d’incendies de forêt et d’inondations, l’homme doit intervenir de manière ciblée. C’est la seule façon de maintenir l’équilibre. Si, par exemple, une mauvaise herbe proliférait, elle rendrait la vie difficile aux espèces indigènes. Les insectes ne trouveraient pas d’habitat, ce qui priverait les oiseaux de nourriture. «La biodiversité dépend aussi des petits organismes», résume Nicolas Guillod, qui reçoit aussi le soutien d’organisations environnementales locales.
Les détenus de Witzwil – avec qui 20 minutes n’a pas pu s’entretenir – se soucient également de la biodiversité, qu’ils le veuillent ou non. Chaque jour de la semaine, de 7h40 jusqu’à la pause de midi, puis en début d’après-midi jusqu’à 17h, une partie d’entre eux part travailler dans les champs, avant de réintégrer le centre pour le repas du soir. Si, à l’époque, les prisonniers vivaient derrière des portes métalliques, dans des cellules individuelles, ils sont désormais en «colocation». À 21h30 précises, les lumières s’éteignent et les portes se ferment. La journée suivante recommence à 6 heures du matin.
Le vanneau huppé est de retour
Nicolas Guillod lève les yeux au ciel, où passe un oiseau. «Un vanneau huppé», commente-t-il. Les semences du champ qui est devant lui ont été plantées de sorte à ce que cette espèce menacée trouve dans la végétation clairsemée un lieu approprié pour la nidification et l’élevage des oisillons. Si aucun vanneau n’a encore niché dans les champs de l’établissement pénitentiaire de Witzwil, le biologiste est convaincu que ce sera bientôt le cas.
Il carcere è attualmente la più grande delle quasi 50 000 fattorie della Svizzera. Mentre una fattoria media gestisce circa 21 ettari di terreno, la prigione di Witzwil pianta colza e riso su circa 700 ettari, alleva un paio di centinaia di maiali e manzi e ospita numerosi puledri. Fino a 166 persone adulte scontano qui la loro pena. La maggior parte sono qui per infrazioni alla legge sugli stupefacenti ma anche per infrazioni delle norme della circolazione o per reati contro l’integrità personale… O anche tutto insieme.
Lavorare in carcere come terapia
La combinazione tra prigione e agricoltura risale al XIX secolo. L’allora direttore del carcere, Otto Kellerhals, era convinto di una cosa: il lavoro di agricoltore fa bene ai carcerati sia dal punto di vista fisico che dal punto di vista psichico. Grazie al suo approccio, che vedeva i carcerati non primariamente come criminali ma come persone, è diventato una delle figure centrali della riforma delle prigioni in Svizzera. Ancora oggi parti della sua filosofia sono perfettamente valide: nel 2013, il tribunale federale ha confermato gli effetti terapeutici del lavoro in carcere.
Il biologo Guillod ha in mano un foglio laminato su cui possiamo vedere l’immagine di un uccello e una statistica: la pavoncella, con il suo piumaggio variopinto, era quasi estinta in Svizzera. Ora, la sua popolazione ha ricominciato a crescere. Il merito va anche a persone come Guillod e alla prigione di Witzwil. «In qualità d'impresa cantonale, vogliamo essere studenti modello», spiega il capo del settore Ecologia. Per legge, il carcere è obbligato a dedicare il sette per cento della sua superficie alla biodiversità. La prigione di Witzwil ha però stabilito di sua volontà di dedicarne più del doppio: il 15 per cento. Circa 100 ettari. Ossia 140 campi di calcio.
L’equilibrio promuove la biodiversità
«È un errore credere che la natura in Svizzera possa essere lasciata a sé stessa», spiega Guillod. Per far sì che non si verifichino altri incendi boschivi o altre inondazioni, l’essere umano deve intervenire in modo mirato. Solo così è possibile mantenere l’equilibrio. Se ad esempio un’erbaccia prolifera, la vita delle specie locali si complica. Gli insetti non trovano spazio vitale e questo causa una penuria di cibo per gli uccelli. «La biodiversità cala e cresce insieme alle più piccole forme di vita», riassume Guillod che riceve sostegno anche da parte delle associazioni ambientali locali.
Anche i carcerati di Witzwil si occupano della biodiversità, che lo vogliano o no. Ogni giorno della settimana, alle 7:40 alcuni di loro si trovano nei campi, poi una pausa pranzo e infine alle 17:00 si torna tra le mura del carcere. Se una volta vivevano in celle singole sbarrate da porte di metallo, ora abitano in appartamenti condivisi. Ma anche qui alle 21:30 puntuali le luci si spengono e si chiude tutto fino alle 6:00 del mattino successivo quando comincia una nuova giornata. 20 minuti non ha potuto parlare direttamente con i carcerati della prigione di Witzwil.
La pavoncella è tornata
Guillod alza lo sguardo al cielo. «Una pavoncella», il capo del settore Ecologia riconosce l’uccello che ci vola sopra la testa. Il campo di fronte a lui è stato consapevolmente seminato in modo da offrire a questa specie minacciata un luogo per covare e allevare i piccoli tra la rada vegetazione. Attualmente non siamo ancora arrivati fino a questo punto ma il biologo ne è certo: presto questo raro uccello deporrà le sue uova nei campi attorno alla prigione di Witzwil.
Première publication:
28.3.2023
| Dernière mise à jour:
12.4.2023